Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les yeux fermés
8 juin 2005

Ce rêve... J'ai peur...

femme_banc   Je pensais lire un peu de cours de philo, oui je sais, il est temps de m'y mettre. Mais, mais, mais, la seule chose que je retiens est une découverte de deux textes de Jean-Paul Sartre. Et je ne résiste pas à l'envie de laisser l'un d'eux ici, au milieu de mes divagations et quelques désespoirs... Voici :

Je me lève en sursaut : si seulement je pouvais m'arrêter de penser, ça irait déjà mieux. Les pensées, c'est ce qu'il y a de plus fade. Plus fade encore que la chair. Ça s'étire à n'en plus finir et ça laisse un drôle de goût. Et  puis il y a les mots, au-dedans des pensées, les mots inachevés, les ébauches de phrase qui reviennent tout le temps [...] Ça va, ça va... et ça ne finit jamais. C'est pis que le reste parce que je me sens responsable et complice. Par exemple, cette espèce de rumination douloureuse: j'existe c'est moi qui l'entretiens. Moi. Le corps, ça vit tout seul, une fois que ça a commencé. Mais la pensée, c'est moi qui la continue, qui la déroule. J'existe. Je pense que j'existe. Oh, le long serpentin, ce sentiment d'exister et je le déroule, tout doucement... Si je pouvais m'empêcher de penser! J'essaie, je réussis : il me semble que ma tête s'emplit de fumée... et voilà que ça recommence : " Fumée... ne pas penser... Je ne veux pas penser... Je pense que je ne veux pas penser. Il ne faut pas que je pense que je ne veux pas penser. Parce que c'est encore une pensée." On en finira donc jamais?
Ma pensée c’est moi : voilà pourquoi je ne peux pas m’arrêter. J’existe parce que je pense. En ce moment même c’est affreux si j’existe, c’est parce que j’ai horreur d’exister. C’est moi, c’est moi qui me tire du néant auquel j’aspire : la haine, le dégoût d’exister, ce sont autant de manières de me faire exister, de m’enfoncer dans l’existence. Les pensées naissent par-derrière moi, comme un vertige, je les sens naître derrière ma tête… si je cède, elles vont venir là devant, entre mes yeux et je cède toujours, la pensée grossit, grossit et la voilà, l’immense, qui me remplit tout entier et renouvelle mon existence.
                                                                                                         Jean-Paul Sartre, La Nausée.

J'ai peur, en vérité j'ai très peur. Je ne sais par quels mots te faire comprendre. Je vois d'ici le gouffre se reformer en moi... Je te fais confiance, là n'est pas le problème. Et je n'ai pas non plus de doutes. J'ai envie, vraiment, de croire que tu vas rester auprès de moi, mais j'ai finalement beaucoup de pessimisme en moi. Je veux que tu restes, pour mon plaisir égoïste, mais veux que tu t'éloignes pour ton bien... Je ne prends bien sur aucune décision maintenant, vu mon état et vu la date à laquelle nous sommes... J'ai tout simplement peur que tout s'arrête et qu'il ne reste que le noir...

Publicité
Commentaires
P
Néanmoins, merci de ta visite.
S
J'aime pas JP Sartre, surtout parce que c'était l'ennemi intime de Boris Vian que j'adore, les goûts et les couleurs.
D
Je suis là. Encore et encore et toujours. Ma main est tendue... Moi je sais.
Les yeux fermés
Publicité
Archives
Publicité