Encore un jour se lève...
Endormie sur l’herbe fraîche, à l’ombre d’un marronnier. Au loin, la ville. Une bulle grise, de la vitesse et du bruit. Ma respiration est profonde et mon esprit s’éloigne. Je repense à tous ceux qui me manquent et que je n’ai pas revus depuis quelques mois déjà. De bons et de mauvais souvenirs. Je remonte encore un peu plus loin, une petite dizaine d’années. Une idée : si seulement je pouvais tout recommencer, renaître. Et puis autre chose : si je recommence tout, pourrais-je Le retrouver ? Je saurais bien évidemment comment faire et quand. A nouveau je pourrais être patiente et observer. Espérer devant mon écran aussi, mais espérer secrètement. Mais si ma vie avait débutée autrement, peut-être que la fille paumée n’aurait jamais existée, auquel cas Ses yeux ne se seraient jamais posés sur moi. Moi, petite sœur du néant qui croit vivre... Ecorchée... Incompréhension... Parce qu’il y a le monde autour. Le monde, les autres. Et Nous. Nous deux à côté, une parenthèse plus que confortable. Malgré cela, malgré le tout que Tu représentes, mes mains sont liées dans mon dos et mes chevilles sont attachées l’une à l’autre. On m’a gentiment installée dans une barque, sans rames. Ainsi, celle-ci est dirigée au gré du monde autour. Bien sûr, on me laisse faire mes choix, mais le fait de devoir faire des choix m’est imposé. Me voilà en Prépa, même pas majeure et pas envie de l’être. Je n’ai rien fait pour en arriver là, tout se passe sans me marquer spécialement. Le temps passe de plus en plus vite, trop vite. On y est : le monde des adultes. Ce monde m’effrayait alors que j’en étais encore loin et maintenant que j’en suis encore plus proche, je comprends ma peur. Je n’aime pas, je n’aime rien dans ce monde, dans leur monde. Pourquoi en attend-on autant de moi ? Je ne suis rien, je suis Personne. Ce monde n’est pas pour moi... Toujours pas...
Deux mois, déjà... Merci à Toi...
"Je mettrai de l'or dans nos yeux
Pour qu'on ait plus jamais peur d'eux..."